Paris, le 21 Juin 2016

Entretien avec Guillaume Dubois

L’Architecture d’Aujourd’hui : Le site de Desplans.com a été mis en ligne en avril 2016. Quelle fut l’idée de départ de ce projet ?

Guillaume Dubois : L’idée première de Desplans.com est de donner plus de corps et d’importance aux documents des agences d’architecture, souvent conservés dans des ordinateurs, des disques durs. La production inachevée des agences n’est pas assez valorisée. Bien souvent, le public aborde l’architecture contemporaine à travers la réalité construite, les rétrospectives d’architectes connus, dans lesquelles sont exposées maquettes et esquisses. Au sein de Desplans.com, nous voulons rendre compte de l’intérêt des agences d’architecture qui pensent et créent différemment, usant de tout le spectre d’expression graphique à leur disposition.

AA : Certaines œuvres que vous proposez sont loin du « document technique » tel qu’on l’entend dans les agences d’architecture. En quoi est-ce que certaines créations, parfois très abstraites, peuvent-elles être à l’origine d’un projet ?

GD : Aujourd’hui, l’architecture produite et vendue par les agences a forcément un lien avec une possibilité construite : il faut montrer des images en 3D, des perspectives réalistes. On vend un projet comme s’il était déjà livré : cette potentialité annihile le processus créatif. Avec Desplans.com, nous refusons l’idée de l’architecte uniquement constructeur, limité à des compétences techniques et une expertise conférée par le monde du bâtiment. Pour nous, l’architecture n’est pas seulement la construction, c’est aussi toute la création qui gravite autour d’un projet : les dessins, les idées, les écoles.

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AA : En parallèle du site, vous proposiez en juin dernier une exposition éphémère dans une galerie du 3e arrondissement de Paris et du 6 au 16 octobre, vous exposez dans les locaux de l’agence In Praise of Shadows Architects, à Stockholm. Pourquoi multiplier ainsi les formats ?

GD : L’exposition permet de « matérialiser » notre activité : l’idée est avant tout de rassembler le public autour d’événements divers, pour changer du format classique de la galerie d’exposition. C’est nécessaire pour notre visibilité mais ce n’est pas l’essentiel de l’activité de Desplans.com : ces manifestations nous permettent avant tout de créer un lien direct avec le public. En parallèle, nous utilisons Instagram pour partager les œuvres et des ambiances qui nous plaisent, Facebook pour créer des événements et le site comme interface d’achat. On travaille notre identité, à l’image des architectes que l’on représente : Desplans.com revendique une hybridation des modes de représentation, de commercialisation, d’édition.

AA : Pour finir, comment envisagez-vous l’avenir de desplans.com ? Quels sont les projets à venir ?

GD : Pour le moment, nous travaillons sur un projet d’édition virtuelle : en parallèle du site, nous aimerions créer un blog, une plate-forme où les architectes que nous représentons peuvent s’exprimer librement et défendre leur projet. Dans chaque développement que nous envisageons, nous gardons en tête l’idée de fédérer des points de vue nouveaux et surtout, de les rendre accessibles. À l’avenir, nous aimerions créer plus d’événements, de rencontres, voire exposer dans des lieux inédits, où l’on ne parle pas forcément d’architecture : les entreprises, l’espace public. Nous restons persuadés qu’il n’est pas nécessaire d’être dans un cadre institutionnel pour parler d’architecture.

Anastasia de Villepin pour L’Architecture d’Aujourd’hui, Paris, 2016

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